Montagnac

Montagnac

20 avr. 2015

LE MOT DU PRESIDENT

André NOS, Président de l'association 


Bienvenue sur le blog des Amis de Montagnac.

Faites la connaissance de l'association née en 1981, et de l'activité de ses 250 membres. Elle vous intéressera si vous êtes curieux d'histoire locale et générale à partir de celle de Montagnac, montagnacois ou visiteur de passage cela vous aidera à découvrir les nombreuses beautés anciennes ou modernes d'une ville où l'on passe trop souvent sans s'arrêter.
Montagnac conserve dans ses pierres et ses traditions, les traces de son riche passé qui commence à l'époque néolithique et s'enrichit jusqu'à notre époque.
Depuis 32 ans un sérieux et long travail a été mené pour mettre en valeur les grands moments de notre histoire comme l'activité de nos foires internationales du XIII° au XVIII° s., l'important mouvement protestant local pendant quatre siècles ou notre propre révolution viticole. Ce travail s'est exercé dans plusieurs domaines.
- La recherche fondamentale à travers les textes originaux.
- L'organisation, quatre fois par an de conférences ou de visites.
- La publication, trois fois par an, d'un bulletin contenant les articles qui rendent compte des questions étudiées. ( 40 à 60 pages )
- L'édition ponctuelle d'importants ouvrages développant des sujets plus généraux.
En permanence vous pourrez consulter notre blog pour être tenus au courant des projets ou des réalisations du moment.
Enfin, si ce premier contact vous sensibilise à l'action que nous menons, vous pouvez adhérer à notre association, la cotisation annuelle est de 18 euros ( 25 euros pour ceux à qui on expédie par la poste invitations et bulletins ) à adresser au trésorier :

Pierre PRADEL 3 rue Lebaron 34530 Montagnac.

          NOUVEAU!!!!                                                                               NOUVEAU!!!!

Novembre 2014 - Parution du dernier ouvrage d'André Nos : 

"La vie consulaire à Montagnac"

A noter que cet ouvrage sera en vente au Marché de Noël sur le stand des Amis de Montagnac.  Pensez à des cadeaux littéraires !  

 

Membres du bureau :

Président                                         M. André Nos

Vice-Présidents                              M. Charles GUIRAUDON
                                                         M. Claude PRADEILLES

Secrétaire                                       Mme Simone ARNAVIELHE

Secrétaire adjointe                        Mme Nadine DEBOOS

Trésorier                                         M. Pierre PRADEL

Trésorière adjointe                        Mme Marie-Claude ROUGER

Responsable archéologie             M. Alain GARCIA

Responsable du bulletin               Mme Danièle OLIVIER

Responsable généalogie              Mme Marie-Claude CHARLERY

Responsable du blog                    Mme Danièle GRESSARD

Conseiller technique                     M. Pierre GRASSET




Siège : 3, rue Lebaron - 34530 Montagnac
Tél:      04.67.24.06.14
Local : Médiathèque rue Malirat - 34530 Montagnac

L'AGENDA



   Programme de l'année 2015


24 janvier 

  • Assemblée Générale 
  • Conférence "Madagascar, hier et aujourd'hui" par M.C. Nos

14 mars :
  • Conférence "La viticulture à l'époque romaine" par M. Stéphane Mauné 

30 mai :

  • Sortie à l'Abbaye de Fontcaude
  • Visite des écluses de Fonséranes

17 octobre :

 Léger regard sur le passé




 NOUVEAU!!!!!                              NOUVEAU!!!!!


Novembre 2014 - Parution du dernier ouvrage d'André Nos : 

"La vie consulaire à Montagnac"


A noter que cet ouvrage sera en vente au Marché de Noël sur le stand des Amis de Montagnac.  Pensez à des cadeaux littéraires !  




 


 
 
   

19 avr. 2015

CONFERENCES


7 Mars 2015

  "La vigne antique en Languedoc"

Conférence par Stéphane Mauné

                     

                            Stéphane Mauné

    
Le samedi 7 mars, M. Stéphane Mauné, archéologue et directeur de recherches au CNRS a prononcé une conférence sur le sujet cité en titre. Après sa présentation par le président André Nos, M. Mauné a tout d'abord rappelé qu'il avait commencé à travailler à Montagnac avec M. Feugères et que leurs travaux avaient été soutenus par la municipalité de Montagnac, le conseil général de l'Hérault et la région Languedoc Roussillon. Depuis 25 ans beaucoup de découvertes ont été mises au jour malgré la disparition des fouilles de sauvetage car la vallée de l'Hérault concentre une série remarquable de sites qui ont profité à l'archéologie du terroir.
Casalis de Fondouce et Heinrich Dressel ont été les premiers à ouvrir la voie avec la découverte d'une "étiquette" d'amphore disant en latin : « je suis un vin de Béziers vieux de cinq ans ».
Au VIème siècle avant J-C les gens s'habituent au vin, le triangle Marduel - Agde - Marseille voit la domestication de la vigne sauvage et la plantation de cépages grecs. Après la chute de Carthage les marchands italiens mettent sur le marché des vins italiens. Cette époque connaît les phénomènes d'imitation des amphores et de concurrence. Au IIème siècle avant J-C, le puissant sénat romain interdit la plantation de la vigne en Gaule transalpine, c'est à dire en Provence, Languedoc et Roussillon. Un siècle plus tard après la conquête de Jules César, Rome a la maîtrise totale des voies de communication gauloise et on assiste à la mise en place d'un vignoble de rapport avec l'installation de familles italiennes en Gaule. A partir de 30 avant J-C et jusqu'au IIème siècle après J-C c'est la montée en puissance commerciale du vin. Après cette époque, la grande production vinicole algérienne inondera les marchés, conséquence de la colonisation romaine. La culture de la vigne connaît la taille en gobelet et en Italie, le palissage qui coûte 30%de plus.
 
Le moût s'obtient par foulage aux pieds et pressurage. Les pressoirs en bois permettent d'obtenir 40% de jus en plus. Les remarquables diapositives et les dessins de M. Mauné donnent une idée de ce qu'était cette technique romaine.
En général les exploitations plantent 5 à 6 000 pieds à l'hectare, les plus productives jusqu'à 12 000 pieds. Mais les parcelles ne comptent que quelques hectares car la polyculture domine avec forêts, chemins nombreux, emblavures et vergers. Des plans de villas, nom romain des des domaines, au Gasquinoy, à la Domergue de Sauvian et à Montferrier de Tourbes constituent de bons exemples d’exploitations viticoles.

Pour transporter le vin, les Gallo-romains et les Romains utilisent de grands dolia et des amphores. La carte des fouilles nous indique que presque tous les ateliers de poterie se trouvent sur la rive droite de l'Hérault. Les chais sont de tailles différentes, les plus grands se trouvant dans les villes. Avec 9000 hectos, Vareille est la plus grande, connue à nos jours. Dans l'antiquité, le rendement est estimé à 40 hectos à l'hectare. Vareille s'étendait sur environ 200 hectares et on comptait une personne pour 2 hectares en entretient total.

La viticulture procure au maître un enrichissement constaté avec les restes de fontaines et de statues trouvées sur le terrain des villas. Le plan de Vareille dévoile deux cours d'eau, trois moulins hydrauliques et deux aqueducs. A Saint Bézard près d'Aspiran on a trouvé dans un chai entre 17 et 20 après J-C une pièce de monnaie frappée à Nîmes. Deux timbres sur dolia nous signalent que Quintus Priscus travaille avec son affranchi Vitullus qui doit être un bon vinificateur et que Laïtus œuvre à Aspiran après avoir été en activité à Barcina (Barcelone).

Le plan de Saint Bézard montre que les dolia se trouvent dans les remblais, ce qui offre au vin une température à peu près constante. D'autre part les propriétaires enfumaient les chais pour tuer les drosophiles soupçonnées de faire piquer le vin, ce que Louis Pasteur prouvera dix huit siècles plus tard par ses études sur les bactéries.

Le raisin était amené sur la partie la plus haute de la cave, et en deux rampes, tombait de la cuve de foulage dans deux cuves de décantation et de fermentation. Les plus grands dolia contenaient de 14 à 20 hectos de liquide. Ces ancêtres en terre, des conteneurs modernes étaient fabriqués à la main au colombin.

En 2005 on a fouillé les ateliers de Pompeï et leurs deux fours pouvaient produire de 20 à 40 dolia à chaque cuisson. Leurs descendants actuels sont les tinajas de Villarobledo en Espagne. Dans des puits on trouve de l'eau et des débris organiques qui ont permis d'identifier certains cépages transportés dans les dolia. Les pépins analysés révèlent qu'ils proviennent de clairette, variété résistante et adaptée à la région. En moindre quantité on a de la mondeuse et du merlot. La taille des pressoirs n'est pas proportionnelle à celle des exploitations. Les grands bassins correspondent à peu de cépages et les petits bassins à des variétés plus nombreuses.

Commencées à la mi-août, les vendanges s'achevaient fin octobre. Notre région devait abriter environ 200 ateliers de fabrication d'amphores mais les plus importantes se trouvaient en Arles et à Beaucaire. La gamme des amphores comportait les allongées, les cylindriques et les fuselées mais à partir de 60 après J-C on ne fabriquera que deux modèles. Ces récipients ont voyagé jusqu'en Inde et dans la haute vallée du Nil.


Le vin que l'on appelait, nectar des Dieux et génie des hommes était du blanc ou du rosé. L'antiquité n'a pas connu le rouge car les viticulteurs antiques pressaient les rafles avant la fermentation. Pour la conservation, dolia et amphores étaient poissées avec de la poix issue de pins sylvestres. Enfin les anciens ont commercialisé des vins au miel ou aux herbes. La manutention et le transvasement s'opéraient à l'aide de pompes en corps de bronze ou de vis d'Archimède, à partir du VIème siècle après J-C on assiste à la disparition et à l'abandon de nombreuses villas que leurs riches propriétaires vendent ou quittent pour placer leur argent là où il rapporte le plus.
 
Sur cette note finale stigmatisant le capitalisme immuable, M. Mauné a terminé sa remarquable conférence tout en expliquant à ses auditeurs attentifs que les problèmes posés aux Gallo-romains pouvaient être les mêmes que ceux qui assaillent les viticulteurs méridionaux au XXIème siècle.  
             
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15 mars 2014

"Les sculpteurs en Languedoc au XVIIème siècle"

 Conférence Denis Nepipvoda


M. Denis Nepipvoda

Dernièrement Denis Népipvoda, historien d'art bien connu des Montagnacois, a prononcé, devant une assistance nombreuse une conférence remarquable sur le sujet cité en titre. Les sculpteurs qui ont œuvré et créé en Languedoc au XVIIe sont au nombre de 8 et possèdent de nombreux points communs. Sauf un, ils sont tous nés dans notre belle province. Ils ont presque tous pris femme dans des familles appartenant à leur confrérie, si bien qu'on peut parler d'endogamie dans les métiers d'art. Ils ont surtout travaillé à la restauration ou à l'aménagement d'œuvres religieuses endommagées au cours des guerres de religion. Enfin, inspirés par l'idéal d'art classique de Paris, ils ont su cependant innover en utilisant toutes sortes de matériaux : marbre de Caunes, calcaire blanc de Pernes, résineux de Quillan, noyers du Dauphiné et même mélange de bois et pierre. Ces grands créateurs locaux tels les Jourdan, G. Martrois, les Suberville, Coula, Mercier, Thomas, Cannet et Laucel ont embelli les épiscopales de Montpellier, Béziers, Agde, St Pons de Thomières et aussi de nombreuses petites paroissiales du futur département de l'Hérault : en particulier St Thibéry, Creissan, Pomérols ou la chapelle des Ursulines de Pézenas, que le conférencier a engagé l'auditoire à visiter.

De nombreuses questions relatives au transports des matériaux, à la carrière des artistes, ( de l'apprentissage à la maîtrise ) au style local et à l'organisation des confréries ont complété ce brillant exposé qui a enrichi la culture voire l'érudition de tous les participants.



Le Président André Nos
                                              
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 19 janvier 2014
« 1914 : Histoire et mémoire aux Amis de Montagnac »
Conférence de Mme Yvette Médina 


                                     Yvette Médina

L' histoire c'est d'abord une boucherie de quatre ans qui a coûté 1.400.000 morts à la France, soit un dixième de sa population active en ce début de XXème siècle. Les Français ont voulu commémorer, c'est à dire se remémorer ensemble l'immense soulagement de l'armistice du 11novembre1918. De l'inhumation du soldat inconnu le 11-11-1920 à l'hommage rendu par le Président Hollande à tous les morts pour la France le 11-11-2012 , Mme Médina a évoqué tous les 11 novembre célèbres du XXe siècle. Elle a ensuite présenté tous les lieux de mémoire installés ou érigés sur l'hexagone : le wagon de Rethondes, le mémorial de Vimy, les ossuaires de Douaumont, Lorette,la forêt des écrivains combattants située dans l'Hérault et enfin les innombrables monuments aux morts, porteurs souvent de symboliques très différentes : deuil, sacrifice, épuisement, solidarité et même malédiction de la guerre comme à Angerville. Mme Médina a cité enfin les témoignages écrits célèbres comme les romans de Barbusse et de Dorgelès ou plus humbles comme les carnets de guerre de Louis Barthas tonnelier socialiste audois, racontant sa guerre au jour le jour, au ras des tranchées et qui a révolutionné l'histoire de la première guerre mondiale. En conclusion Mme Médina a cité l'historienne Anne Jollet mettant en garde contre les commémorations béates car " les guerres sont toujours et d'abord le fait de choix politiques ",et a évoqué le vers d'Aragon, poète mais aussi médecin des tranchées : " Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit..." Des questions sur le mythe de la fleur au fusil et sur les fusillés pour l'exemple ont clos cette admirable communication empreinte à la fois d'une grande clarté et d'une profonde humanité.


Mme Yvette Médina et le Président André Nos













COLLOQUES

 

18 octobre 2014




Centenaire de la Grande Guerre

« Quelque part en Europe en août 1914 »




Dernièrement notre association a commémoré à sa façon le centenaire du début de la Grande Guerre. Après avoir salué M. le Conseiller Général, M. le Maire, les cinq conférenciers et le nombreux public, le président André Nos a donné la parole à Mme Yvette Médina, présidente du colloque.

Celle-ci nous a présenté la journée et le premier intervenant, le Professeur Rémy Pech de l'Université de Toulouse.

« Pourquoi a-t-on tué Jaurès ? »



A cette question l’universitaire répond « parce que cet homme du Midi était le dernier obstacle à la déclaration de guerre ». Jaurès savait depuis 1887 que "le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l'orage". Il était l'adversaire résolu d'une solution militaire à la question de l'Alsace.

Pour autant M. Pech ne le voit pas victime d'un complot : ni la Russie, ni les jésuites ne sont pour quoi que ce soit dans son assassinat qui est donc l’œuvre d'un isolé, un ingénieur agricole, Raoul Villain, nationaliste déséquilibré. L'assassin acquitté en mars 1919, en pleine période bleue horizon, périra misérablement en 1936,assassiné à son tour sur l’île d'Ibiza par des républicains espagnols, peut-être anarchistes en tout cas plus expéditifs que les jurés de la république française.

 

Après les remerciements de Mme Médina, le professeur Michel Fournier, agrégé d'Histoire nous a peint le tableau de « l'année 1914 à Béziers et dans le Biterrois ». Cette année là, Béziers compte 50 000 h et vend le vin entre 30 et 40 Fr l'hecto.  La ville possède un hôpital, une poste et un hôtel de ville neufs et deux familles radicales s'en partagent l'hégémonie.
La garnison est tenue par le 96ème d'infanterie et le 1er hussards.


L'opinion est calme. Aucun problème local n'a été soulevé par la loi des 3ans mais l'affaire du Maroc a excité certains revanchards. « l'éclair », journal royaliste du 27 juillet titre : "aurons nous la guerre ??"  Le 3 août tocsin et tambours annoncent sa déclaration. Elle va apporter la paix dans les familles divisées en politique. Mais se pose aussitôt la question des vendanges sans hommes ! Les institutions sont unies dans la cause sacrée : Conseil Général, Évêché, Mairie, Parti radical, Parti socialiste, et Élus nationaux.

 La gare de Béziers voit partir 5 000 hommes. Une lettre inédite d'un soldat de St Geniès le bas montre son auteur résolu,confiant et exhortant son entourage au courage et à la patience. Avec un courrier irrégulier et censuré les nouvelles revêtent une importance capitale. La vie civile est bouleversée avec fermetures des salles de spectacles, cafés, hôtels et maisons de noce. Le rationnement de certaines denrées a commencé : blé,sucre, charbon. Chevaux, mulets et voitures sont réquisitionnés et les prix commencent à monter.

Les mairies organisent la vie civile : création de crèches permettant aux femmes de vendanger, allocations aux femmes en couches, mise en place d'une garde civile dissoute ensuite par l'armée. Mais les déclarations de décès commencent à arriver : 350 à Béziers pour les cinq premiers mois de guerre. 70 blessés arrivent le 6 septembre et certaines écoles sont transformées en hôpitaux comme à Montagnac à l'école Pasteur. Une lassitude s'installe dès la fin de 1914 et elle va durer 4 ans. Seul rayon de soleil biterrois : le vin se vendra bien pendant 4 ans.




Après les réponses aux questions posées à M. Fournier, Mme Médina a eu l'honneur d'une innovation dans nos colloques en donnant la parole à une étrangère, Mme Friederike Cornelsen, professeur d'histoire à Hambourg. Sa conférence : « Politique et société sous Guillaume II » a apporté l'éclairage allemand de l'avant première guerre mondiale. Dans l'Empire allemand de 1871 qui n'est pas un état fédéral mais une fédération d'états indépendants, Bismarck exerce l'autorité prussienne dans le nord de l'Allemagne, la Prusse doit lutter contre les sociaux démocrates et le parti catholique. Il entreprend aussi la prussianisation des états du Sud. La noblesse et la bourgeoisie copient le style impérial, la société agraire s'industrialise au grand galop et pour les capitalistes étrangers l'empire germanique devient un partenaire intéressant.

Guillaume II veut se tailler une part du gâteau colonial soit par le troc soit par le chantage, soit par la guerre. En 1890 Bismarck est congédié donc le souverain paralysé du bras gauche, instable et nerveux devient le véritable décideur et sera le seul responsable.

La noblesse protestante est constituée de junkers, hobereaux, propriétaires terriens et officiers formant 69% des cadres de l'armée si bien que l'on dit que la Prusse est une armée avec un état. De plus Bismarck a soumis la bourgeoisie en détruisant le libéralisme politique. Ce sont les étudiants et les églises qui tant bien que mal incarnent un idéal démocratique. Or c'est l'église protestante luthérienne qui constitue la poutre maîtresse de l'édifice impérial. Seul maître à bord Guillaume II fait construire ou compléter sa flotte de guerre en 1907-1908, prépare ses futures campagnes et  la propagande parle d'une guerre préventive contre la Russie, défensive contre la France et de lutte contre l'Angleterre avec la constitution d'un empire colonial. Tout le pays est derrière le Kaiser qui croit en une victoire inéluctable. Seules de rares voix s'alarment contre la boucherie qui s'annonce, comme celle d'Heinrich Mann, frère de Thomas, grand connaisseur de Latude et créateur du sulfureux " Ange bleu "  ou celle de Robert Musil. La guerre voulue aussi par Guillaume II apporte en Allemagne aussi son cortège funèbre de morts et de blessés.

Elle provoque l'explosion des prix des denrées alimentaires et le chômage dans les premiers jours du mois d'août. Le plan Schlieffen  d'invasion adopté sans discussion échoua devant la Marne mais la population avait accepté la guerre parce que les opérations se déroulaient hors d'Allemagne. Le peuple Allemand abasourdi par la défaite, avala sans discuter, la légende du coup de poignard dans le dos et se réfugia dans un nationalisme qui le conduisit à se donner à un étranger moustachu, provocateur de la deuxième guerre mondiale. Après les questions des participants et les remerciements chaleureux de Mme Médina, un bon repas servi dans la salle André Sambussy permit aux auditeurs de refaire leurs forces tout en suppléant les langues des conférenciers , eux aussi bavards à la table d'honneur.



Après ce long entracte réparateur, Mme Médina a donné la parole à M. Jean Sagnes, Professeur à l'université de Perpignan et bien connu des Montagnacois. Ce spécialiste de l'histoire ouvrière a traité : « Socialisme et syndicalisme dans l'Hérault pendant la grande guerre »En 1914 l'Hérault compte 480 000 habitants employés dans la culture de la vigne mais aussi dans l'industrie : mines, métallurgie, chimie et textile. Les ouvriers à forte tradition syndicale constituent 70% de la population. En politique on identifie trois couleurs : les blancs de droite, les bleus radicaux et les rouges socialistes qui ont obtenu deux députés sur six. Le département compte aussi plusieurs bourses du travail. Les socialistes sont contre la guerre mais après l'assassinat de Jaurès, tous les PS d'Europe sauf deux s'engagent dans l'union sacrée. L’Éclair, journal royaliste, réprouve  l'attentat mais critique les idées de Jaurès.

La censure salue les journaux, les syndicalistes sont mobilisés et seules trois bourses du travail se maintiennent qui se transformeront par solidarité ouvrière en coopératives d'alimentation. La guerre sanctifie le travail mais l'entrée des femmes dans la vie active relance la revendication : "A travail égal, salaire égal !" La crise de 1917 et ses douze grèves provoque un frémissement de l'opinion en faveur de la paix. Au PS les effectifs s'effondrent et le congrès de 1915 ne compte que deux mandats contre la direction. Dans ses lettres à un parent de Saint Thibéry, Barthe redoute  le développement de la vigne au Maroc, analyse les événements de Russie en 1917 et se méfie de Clémenceau qui a fait arrêter Malvy et Caillaux. Le grand problème  est maintenant posé par la deuxième révolution russe. La révolte de la flotte allemande en fin 1917 et les mutineries en France annoncent les craquements qui vont bouleverser l'Europe.

Pour la  "vie sociale", Lénine a retardé la victoire mais fait avancer le socialisme. En 1919 la guerre est finie mais les grandes grèves poussent Clémenceau à accorder la journée de huit heures. Les élections législatives accordent deux députés aux socialistes héraultais. En 1920 la scission de Tours voit les communistes l'emporter au plan national mais le département de l'Hérault reste socialiste dans un  pays où l'unité ouvrière réussie par Jaurès a volé en éclats. 

Après les questions et les réponses données par M. Sagnes, Mme Médina a appelé M. Secondy docteur en histoire qui a exposé l'attitude de «  l'église diocésaine dans la guerre de 14 »A partir de 1880 éclate en France la guerre entre catholiques et  laïques mais le début de la guerre mondiale va changer tout cela. Dès l'entame du conflit, le Cardinal de Cabrières fait allégeance à l'union sacrée et œuvrera pendant toute sa durée en faveur de la victoire. En 1900 le diocèse compte 700 prêtres dont 650 sont en action pastorale. 250 sont mobilisés et la moitié d'entre eux seront des combattants ne bénéficiant d'aucun privilège. Dans les tranchées les non pratiquants se rendent compte que ces curés valent bien mieux qu'ils ne l'imaginaient et ces sentiments sont réciproques.

En 1917 on célèbre en Allemagne le quatrième centenaire de la Réforme, donc pour les Français la guerre serait le produit frelaté de la pensée de Luther, mais un autre courant de pensée rend à Luther sa valeur théologique. La peur de la mort et l'appréhension de l'au-delà suscitent un renouveau de l'esprit religieux. Au plan matériel le clergé lance les travaux de confection de colis et de vêtements.Le cardinal de Cabrières, ami du roi Albert 1er fait réserver un accueil excellent aux réfugiés belges dans son diocèse. On procède à la gravure de plaques en souvenir des morts et les blessés sont soignés dans les édifices religieux transformés en hôpitaux. Le père Cabanel aumônier de Montpellier prononce 74 discours en anglais aux États-Unis et l'abbé Marme donne du sang à un blessé considéré perdu. Malgré ce, les rumeurs les plus abjectes circulent sur le clergé qui aurait fourni des subsides au Kaiser.

Tout ceci est faux et la polémique tourne à l'avantage des religieux. La desserte des paroisses est assurée par des prêtres âgés et par des permissionnaires. Les pèlerinages locaux, surtout dans le sud : Lourdes, Béziers, Sète attestent de la piété des pratiquants. Enfin après la guerre, le diocèse de Montpellier a été le premier en France à reprendre le pèlerinage de Lourdes. Après les derniers remerciements de Mme Médina aux conférenciers et aux participants et au public attentif, le mot de la fin sera pour André Nos : Après les affrontements et les secousses du début de la troisième république, l'union sacrée sera la reconnaissance officielle du régime né du désastre de 1870.C'est la conclusion d'une très belle journée d'histoire à inscrire à l'actif des Amis de Montagnac.
 
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19 octobre 2013

"LA RESTAURATION et LA TERREUR BLANCHE"


De gauche à droite :
Charles Guiraudon, André Nos, Jean-Claude Richard

Le 19 octobre s'est tenu à Bessilles le colloque annuel des Amis de Montagnac sous la présidence d'honneur de Mr Roger Fages, maire de la cité.
Le premier intervenant, le Professeur Jean-Claude Richard, également président effectif de la journée, a brossé un rapide tableau de ce qu'a été la Restauration avant de présenter à l'auditoire la statistique du département de l'Hérault commandée par le Préfet de l'époque Creuzé de Lesser à son fils Hippolyte. Ce document d'un intérêt prodigieux nous offre un tableau complet, ville par ville, des richesses et des faiblesses de notre entité administrative. Cette statistique est un ouvrage de référence qui rend d'immenses services à celles et ceux qui s'intéressent au premier tiers du dix neuvième siècle.

Claude Pradeilles
Mais cette Restauration de la monarchie a suscité une réaction criminelle dirigée contre les tenants des régimes abolis après Waterloo, que nous a présentée Claude Pradeilles avec la Terreur blanche. Le Midi, région royaliste, fut le théâtre de nombreux massacres de républicains, de bonapartistes et de protestants. Les villes comme Marseille, Avignon, Toulon, Nîmes, Montpellier et Mende furent les témoins de désordres meurtriers contre lesquels les autorités légales ne purent ou ne voulurent pas intervenir. Montagnac aussi connut trois affaires criminelles : deux incendies volontaires et l'assassinat du percepteur Marc Brousse, bonapartiste notoire.

Alain Garcia
Or cette période trépidante et glauque a vu la mise au rancart d' authentiques héros, tel le commandant Augustin Valat, demi-solde dont Alain Garcia nous a conté l'histoire. Issu d'une famille aisée comptant trois garçons, Valentin-Maurice s'engage en 1792, à vingt ans, comme simple soldat au deuxième bataillon de l'Hérault. Il sera blessé six fois sur cinq théâtres d'opérations différents : à Toulon, à la main gauche en 1793, à Acre en Palestine à la tête en 1799, à Friedland en 1807, en Espagne à Almonacid en 1808, à côté de Pampelune d'un coup de feu à la main droite en 1813 et enfin à Orthez au bras gauche en 1814. Son dossier est clos en 1815 alors qu'il est chef de bataillon placé en demi-solde. Il se mariera à Clermont en l818 et s'y éteindra en 1852 à quatre vingt ans. Chevalier de la légion d'honneur en 1807 il en fut nommé officié deux ans plus tard pour terminer titulaire de son ordre royal.
Après une longue discussion sur les trois conférences, un bon repas pris sur place a permis au colloque de se parer de sa livrée d'amitié qui constitue l'un de ses attraits.

Mais si certains se couvrirent de sang et de gloire sur les champs de batailles, d'autres, à Montagnac, se couvrirent d'argent dans les champs agricoles. Ce fut le thème de l'après-midi présenté par le président André Nos.

Les registres des notaires nous apprennent que la Révolution à Montagnac a été douce et bourgeoise. On a construit sur le terrain des Augustins mais aussi à la sortie du village sur la route de Pézenas et sur celle de Villeveyrac. Le temple actuel a été édifié en deux ans, hors des remparts. La mairie a été logée dans l'hôtel de Brignac, puis près de l'église, dans les lieux laissés par les Pénitents blancs déplacés chez les Augustins. Vingt cinq gros propriétaires ont participé à la curée réalisée sur les biens nationaux, les acquisitions de ces biens ont été réalisées en liquide, rarement en assignats. Enfin les grands bourgeois de Montagnac vont aménager les « folies » viticoles que sont les quarante grands domaines appelés ici : les campagnes.

 Le démenbrement en parcelles et appartements des grands hôtels particuliers débutera à ce moment là et au XXe ils seront les logements de gens très humbles. Dans la vie quotidienne la Restauration sera l'initiatrice des distilleries, des jeux de boules, des cafés avec leurs billards et de l'utilisation des rasoirs et des blaireaux. Les sobriquets fleurissent : lÒgrapau, lÒracanet, lÒbaranel, lÒberdinel. Une nouvelle époque commence.
A l'issue de cette brillante intervention qui a clôturé cette magnifique journée, nous laisserons au président Jean-Claude Richard le dernier mot de sa synthèse remarquable : « les révolutions passent, les intérêts privés demeurent ». Ce qui fut bien le cas à Montagnac.